Le Concile de Ferrare-Florence: Union Chrétienne Face aux Défis du XVème Siècle

Le XVème siècle en Italie est une époque mouvementée marquée par des bouleversements politiques, artistiques et religieux. Au cœur de ce contexte tumultueux se tient le Concile de Ferrare-Florence, un événement crucial qui tenta de résoudre les profondes divisions qui séparaient l’Église catholique romaine de l’Église orthodoxe grecque.
Pour comprendre la naissance de ce concile, il faut remonter quelques années plus tôt, au début du XVe siècle. Les tensions entre les deux Églises étaient devenues critiques, nourries par des désaccords théologiques et politiques persistants depuis le Grand Schisme de 1054. L’expansion de l’Empire ottoman en Orient menaçait directement Byzance, bastion de l’Église orthodoxe, ce qui encouragea certains dirigeants byzantins à chercher une union avec Rome pour faire face à cette menace commune.
Le pape Eugène IV, désireux de renforcer l’unité chrétienne face aux périls musulmans, lança un appel à la réunion d’un concile œcuménique en 1438. Ferrare fut choisie comme siège initial du concile. Les négociations furent complexes et houleuses. Les délégués orthodoxes, menés par le cardinal Isidore de Kiev, présentaient des exigences importantes concernant l’addition du filioque (une clause théologique ajoutée au Credo Nicène-Constantinopolitan concernant la procession du Saint-Esprit) et l’autorité papale.
Malgré les progrès initialement réalisés, la rencontre à Ferrare se heurta à des obstacles importants. Les différends doctrinaux persistèrent, notamment sur la question de la primauté du pape. La présence de figures influentes comme Jean Palaeologus, empereur byzantin, ne suffisait pas à surmonter ces divergences fondamentales.
Après plusieurs années d’impasse à Ferrare, le concile fut transféré à Florence en 1439 pour tenter une nouvelle approche. L’Union de Florence, signée en juillet 1439, visait à réconcilier les deux Églises. Elle stipulait que :
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L’Église orthodoxe reconnaîtrait la primauté du pape.
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L’addition du filioque au Credo serait acceptée par l’Église orthodoxe.
L’Union de Florence fut saluée comme un triomphe par le pape Eugène IV et ses partisans, mais elle suscita une vive opposition dans les milieux byzantins. De nombreux théologiens et laïcs orthodoxes considéraient l’accord comme une trahison de la foi orthodoxe. L’union ne dura pas longtemps.
Les conséquences du Concile de Ferrare-Florence furent profondes et complexes.
Conséquences Positives | Conséquences Négatives |
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Tentative sincère de réconciliation entre les deux Églises. | Renforcement des divisions au sein de l’Église orthodoxe. |
Ouverture d’un dialogue interreligieux précurseur. | Refus de l’Union par une partie importante de la population orthodoxe. |
Promouvoir la compréhension mutuelle entre les cultures catholique et orthodoxe. | Difficultés à appliquer concrètement les termes de l’union. |
Le Concile, bien qu’il ait échoué dans son objectif principal d’unité durable, a laissé un héritage important. Il a contribué à ouvrir un espace pour le dialogue interreligieux et a permis aux deux Églises de mieux se connaître.
L’histoire du Concile de Ferrare-Florence illustre la complexité des relations entre les différents courants chrétiens au XVème siècle. C’est une histoire de frustrations, de compromis difficiles et d’idéaux ambitieux qui, malgré leurs limites, ont contribué à poser les bases pour un futur dialogue interconfessionnel.